Les grands mythes du Féminin/Masculin sacré - soin énergétique
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Isis, Osiris et Horus
Cette légende - qui raconte les aventures d'Isis et de son époux et frère, Osiris, tué par le dieu Seth - donne à tous les Égyptiens l'espoir d'une vie après la mort. Pour les anciens Égyptiens , l'univers n'était au commencement qu'un grand océan primordial , qui engendra le soleil Atoum . Atoum engendra Chou (le dieu du souffle) et Tefnout (la déesse de l'humidité). Chou sépara le ciel de la terre. Ainsi naquirent Nout (la déesse du ciel) et Geb (le dieu de la terre). Geb et Nout avaient deux fils, Osiris et Seth , et deux filles, Isis et Nephtys .
Osiris épousa Isis et Seth prit pour femme Nephtys. Osiris fut le premier des pharaons régnant sur l'Égypte, aux côtés de sa sœur et épouse Isis. Il était bon, juste et sage. Seth, jaloux, voulut le tuer et complota contre lui. Il organisa un banquet où il avait placé un coffre magnifique, qu’il avait fait fabriquer par ruse à la mesure du corps d'Osiris. Seth déclara au banquet qu’il offrirait ce magnifique coffre à celui qui, en s'y couchant, le remplirait parfaitement. Lorsque Osiris s'y étendit, Seth rabattit rapidement le couvercle, le cloua, et le jeta dans le Nil. Désespérée, Isis chercha Osiris jusqu'en Phénicie. Elle y retrouva le cercueil et le ramena en Égypte. Mais Seth réussit à s'emparer du corps et le coupa en quatorze morceaux qu'il dispersa. Isis rassembla les membres épars de son mari, reconstitua le corps avec l'aide du dieu Anubis, l'entoura de bandelettes et réussit à lui rendre vie. Plus tard, Horus, le fils d'Osiris et d'Isis, vengea son père : il tua Seth et devint pharaon à son tour. Depuis ce jour, Osiris règne sur le royaume des morts et peut ouvrir, pour chaque Égyptien, après la mort, les portes de l'éternité
Shiva et Parvati
Parvati n’a pas toujours été déesse. Parce qu’un démon ravageait le monde, les dieux eurent l’idée d’obtenir un puissant fils de Shiva. Shiva était veuf. Pour le sortir de son deuil, ils firent appel à Parvati. Longtemps, elle resta en prières au milieu d’une forêt, tellement immobile que son corps se couvrit de lianes. Voyant cela, le dieu la divinisa et en fit sa seconde épouse, inaugurant leur mariage par un accouplement de dix mille ans. Il faut dire que Shiva étant le patron des yogis savait comment se retenir.
Pourquoi l’épouse docile se fâcha-t-elle un jour ? Une fureur partagée, Shiva quitta les lieux. Pour se venger, Parvati roula dans le creux de sa main un rouleau de saletés dont elle fit un enfant. Les pieux hindous parlent d’un rouleau de crasse semblable à celui qui s’enlève après un bain très chaud avec un gant de crin. Mais le plus probable est que ces saletés n’étaient autres que du sang menstruel, nettement plus en rapport avec une fécondation sans sperme masculin- il faut préciser car en Inde, dans les pratiques des Tantra, il existe un sperme féminin.
Parvati fait donc un enfant toute seule, en modelant un corps dans des caillots de sang. L’enfant ainsi conçu est petit mais baraqué, doté d’une force incroyable. Parvati lui donne le nom de Ganesh et le place devant la porte de sa chambre, avec ordre de barrer le chemin à quiconque essaiera d’entrer. Lorsque Shiva revient, le petit né sans père l’attaque et le met par terre. C’est inimaginable ! Un fils né de sa femme, sans lui, et qui le renverse !
La suite est connue. Shiva décapite l’enfant importun, mais devant le chagrin de sa femme, il promet de le ressusciter en posant sur le petit cou la tête du premier vivant qu’ils verront ensemble. Ce sera est un éléphanteau. Bon prince, Shiva reconnaîtra le dieu éléphanteau comme son fils.
Ce qui est moins connu, c’est ce qui arriva à la fin de la lune de miel interminable. S’accoupler, c’est bien, mais dix mille ans, c’est trop. Les dieux, qui voulaient toujours un enfant de Shiva, envoyèrent pour le faire éjaculer Kama, dieu de l’amour, mais Shiva le réduisit en cendres avec son troisième œil, celui de la méditation situé au milieu du front. C’est donc à Parvati que revint la mission d’un coup de rein qui la fit se dégager du coït infini.
Le sperme de Shiva jaillit, brûlant, et tomba dans le Gange. Un autre enfant naquit, un nourrisson sans mère. Il a six têtes, c’est un guerrier qu’on appelle le Garçon, ou bien Celui né du sperme, ou bien encore, Six têtes. Il tua le démon. Parvati l’adopta. La famille de Shiva se compose donc de deux fils, un enfant d’éléphant conçu sans père et un brave à six têtes conçu sans mère. C’est, selon les Hindous, la famille idéale.
Adam et Ève
Dieu forme Adam à partir de poussière. Dieu le place dans le Jardin d'Éden afin qu'il « le cultive et le garde ». Il peut manger tous les fruits qui s'y trouvent, à l'exception du fruit de l'arbre de la connaissance du bien et du mal, sous peine de mort.
Estimant qu'il n'est pas bon qu'Adam soit seul, Dieu lui fait une aide. Adam donne un nom à chaque animal, mais ne trouve pas son aide. Dieu le plonge alors dans un profond sommeil, et lui prend une côte qu'Il façonne en femme. Adam s'exclame alors « cette fois, c'est un os de mes os, une chair de ma chair ! ».
La chute
Adam et Ève Chassés d'Éden. Gravure de Gustave Doré
Le troisième chapitre introduit le Serpent, qui tente la femme et lui fait manger du fruit défendu de l'Arbre de la connaissance du bien et du mal. Il assure à la femme qu'ils ne mourront pas s'ils en mangent, mais que leurs yeux s'ouvriront et qu'ils seront comme Dieu.
Elle en donne à son mari qui en mange également.
Dieu les maudit : haine perpétuelle entre le serpent, la femme et leur descendance ; le serpent se retrouve apode, condamné à mordre la poussière ; l'homme se retrouve à devoir gagner son pain à la sueur de son front, la femme à enfanter dans la douleur.
De plus, ils sont condamnés à la mortalité et chassés de l'Éden, que deux chérubins gardent de leur épée flamboyante. À partir de ce moment du texte, Adam appelle sa femme Ève.
Ève enfante deux fils, Caïn et Abel. Caïn est agriculteur, Abel est berger. Dieu accepte avec plaisir le sacrifice d'Abel, mais pas celui de Caïn. Celui-ci en conçoit de la rancœur, et malgré une mise en garde divine contre le « péché qui rôde à sa porte », Caïn tue Abel et l'enterre.
HINE-TITAMA Civilisation Océanienne
La mythologie maorie prend sources dans les légendes polynésiennes : on y retrouve plusieurs ancêtres communs et bien que les histoires varient d’une île à l’autre, d’une tribu à l’autre. Certains contes ont même été réécrits lors de l’arrivée des colons et du christianisme ! Riches de héros, de dieux et de déesses, la mythologie maorie est complexe et dotée de nombreuses épopées, qui se transmettait autrefois à l’oral.
Reprenons donc l’histoire. Après que les enfants aient séparé Ranginui, le Père Ciel et Papatuanuku Mère Terre, l’aîné de la fratrie avait le sentiment d’un manque. Il manquait effectivement l’élément humain féminin. Voici donc comment a été créé l’élément humain, Hine Ahu One.
La quête de l’élément féminin
Urutengangana (Uruténanana) incite ses frères à remuer ciel, terre et mer à la recherche de l’élément féminin de ira tangata (le principe humain), en vain.
Fatigué de chercher Tane Mahuta s’en alla demander conseille à la Mère Terre dont les connaissances étaient largement supérieures à celles de la fratrie.
Prise de pitié pour son fils, la Mère Terre lui souffla de chercher l’élément dans un endroit nommé Kurawaka. Les frères se mirent en route vers ce lieu et découvrit l’élément enfoui dans la terre rouge. Il s’agissait en faite d’une image composée de terre, une partie du corps de Papa, leur mère.
Pour donner vie à l’élément féminin, les frères se sont associés : les plus grands façonnèrent le corps et les formes de la femme. Les plus jeunes apportèrent les os, la chaire, la graisse, le sang et les muscles. Enfin, Tane Mahuta insuffla la vie à ira tangata grâce à un hongi. C’est ainsi que la toute première femme est créée : Hine Ahu One qui signifie la jeune fille formée par la Terre.
La création de la mort
Mariée à Tane Mahuta, Hine Ahu One donna naissance à de nombreuses filles et fils, dont la magnifique Hine Titama qui signifie « la jeune fille de l’Aube » (et que l’on peut définir comme la déesse du passage de l’ombre de la nuit à la lumière du jour). Devenue adulte, Hine Titama, qui ne connaissait pas son père se maria avec Tane Mahuta et lui offrit à nouveau de beaux enfants.
Curieuse de découvrir l’identité de son géniteur, elle questionna Tane. Ce dernier lui dit d’interroger les quatre coins du Marae qui gardent, gravé dans leur bois, toute la généalogie de l’iwi (la tribu) et de sa propre ascendance.
Elle découvrit alors que son mari Tane Mahuta était également son père. Prise d’une honte insurmontable, elle quitta le monde de la lumière pour se réfugier dans les Ténèbres. Tane essaya d’empêcher sa fuite, mais Hine Titama le supplia de la laisser dans l’obscurité et de prendre soin de leurs enfants lorsqu’elle sera loin.
AMATERASU Civilisation Japonaise
Si les Japonais vénèrent leur empereur, c'est qu'il est le descendant direct d'Amaterasu, la déesse Soleil qui régnait sur la plaine des Hauts Cieux... Le shintoïsme cohabite au Japon avec le taoïsme, le bouddhisme et le confucianisme, mais c'est la seule religion originaire de ce pays. Au début du VIII siècle, toutes ses traditions ont été consignées par écrit, sur l'ordre de l'empereur Temmu Tennô, dans deux ouvrages : le Kojiki, « Chronique des choses anciennes », considéré comme le livre sacré shinto, et le Nihongi, « Chroniques du Japon ». On y apprend comment le monde s'élabora, avec le Japon en son centre... La terre était encore liquide quand Izanagi et sa sœur Izanami y descendirent, en emprun- tant un arc-en-ciel. Du bout de sa lance, Izanagi remua l'eau, et une goutte, en retom- bant, se coagula pour former l'île d'Onokoro, où il épousa Izanami. De cette union naquirent les dieux du vent, de la montagne, et bien d'autres ; le dieu du feu, en venant au monde, brûla sa mère, qui en mourut et partit pour les enfers. Izanagi tenta de la suivre, mais elle le repoussa. En se purifiant de cette incursion, il engendra Amaterasu, née de son œil gauche, et Susano-wo, sorti de son nez. A sa fille, dont l'éclat brillait aux quatre points cardinaux, il donna son collier en disant : « Que Ton Altesse règne sur la plaine des Hauts Cieux. » A son fils, d'une nature perverse et violente, il déclara : « Que Ton Altesse règne sur la plaine Océane. » Pour faire sortir la déesse Soleil de sa caverne, on utilisa la ruse... et un miroir divin. Depuis, il est devenu l'un des insignes du pouvoir impérial. Femme se fardant, par Utamaro, musée Guimet, Paris. Susano-wo régnait fort mal, et passait son temps à se lamenter, car il désirait rejoindre sa mère au pays inférieur. Excédé, son père l'expulsa de la plaine Océane bleue, mais consentit à le laisser rendre visite à sa sœur, avant de disparaître. Amaterasu reçut son cadet sur le pied de guerre, persuadée qu'il nourrissait quelque mauvais dessein. Il lui proposa un pacte, pour prouver la pureté de ses intentions : « Nous engendrerons tous deux des enfants, dit-il. Si les enfants que je produis sont des filles, alors on pourra con- Retrouver ce titre sur Numilog.com dure que mon cœur est impur. Mais si les enfants sont des garçons, alors il faudra admettre que mon cœur est pur. » Amaterasu mâcha l'épée de son frère, souf- fla, et de ce souffle naquirent trois déesses. Susano mâcha le collier de sa sœur, souffla, et cinq kamis (1) virent le jour. Tous les huit reçurent la mission de faire descendre les puissances célestes sur la terre. Fort de son alliance, Susano-wo se comporta comme s'il était chez lui. Amaterasu ferma les yeux sur ses goujateries, jusqu'au jour où il jeta un poulain pie écorché au milieu de l'atelier de tissage, où elle surveillait le travail de ses compagnes. Terrorisée, la déesse Soleil alla se réfugier dans une caverne céleste dont elle ferma la porte, pour ne plus en bouger. Et ce fut la nuit éternelle. Tous les kamis s'associèrent pour faire sortir Amaterasu de son trou. En plein désarroi, ils firent appel à l'un d'entre eux, Omoïkane-no- kami, « Celui qui embrasse la pensée », qui conçut un plan. Il assembla d'abord les oiseaux, « et leur fit chanter un chant pro- longé » ; puis les kamis fabriquèrent un miroir « idéalement beau », et une chaîne de cinq cents joyaux, qu'ils placèrent sur un arbre, avec des étoffes d'offrandes blanches et bleues. La divination ayant été favorable, on récita pieusement les grandes liturgies, et la danseuse Uzume s'approcha à la porte de la caverne. « Elle alluma des feux de joie sacrés et pro- nonça des paroles divinement inspirées », elle exécuta sa danse, qui eut pour effet de provoquer l'hilarité des huit cents myriades de kamis.
En entendant cela, Amaterasu sortit. « Nous nous réjouissons parce qu'il y a un kami plus illustre que Ton Altesse », dirent- ils en lui tendant le miroir. Le monde s'illu- mina de nouveau, et l'on pria la déesse de ne plus cacher son visage. Susano-wo fut expulsé pour avoir causé ces malheurs, qui firent cependant qu'Amaterasu régnait désormais sur les deux domaines, Ciel et Terre. Il descendit dans le pays Izumo, où il dut affronter un serpent géant, avant de pouvoir épouser une jeune fille. L'ayant endormi par ruse, Susano coupa le serpent en morceaux, et à l'intérieur de sa queue trouva une épée acérée ; « pensant que c'était chose étrange », il l'envoya à sa sœur.
Les femmes ont un rôle à jouer dans la religion shinto : celles-ci sont des auxiliaires des prêtres du temple de Mikosan. Amaterasu convoqua son petit-fils, Ninigi, car elle voulait qu'il gouverne l'archipel engen- dré par Izanami et Izanagi. Afin de l'investir solennellement de cette mission, elle fit cadeau d'un trésor à Ninigi, en l'exhortant à le considérer comme son auguste esprit. Ce trésor se composait des trois insignes impériaux : la chaîne de cinq cents joyaux, le miroir divin, qui se trouve aujourd'hui dans le temple d'Ise, et l'épée donnée par Susano- wo, maintenant dans le temple d'Atsuta. Ces deux derniers insignes ont eu une histoire riche en péripéties, et l'on en a fait des copies, qui sont conservées au palais impérial. Transmis par la déesse avec le pouvoir impé- rial, ce trésor était autrefois la preuve de la légitimité de l'empereur. Ninigi eut des enfants, dont un fils qui épousa la princesse de la mer ; celle-ci enfanta un fils, et l'éleva : c'était Jimmu Tennô, qui allait mener son clan vers le Yamato pour y devenir le premier empereur du Japon. Et si son descendant Temmu Tennô a fait écrire ces traditions quelques siècles plus tard, c'était pour assurer son pouvoir impérial au milieu des guerres de clans qui faisaient rage. Par ailleurs, le bouddhisme avait envahi le Japon, et se fondait au shinto : les kamis étaient considérés comme des incarnations de Boud- dha Amaterasu, elle-même étant associée aux bouddhiques Dai-Nichi et Amida.. Fort de ses origines divines, détenteur du trésor, « présence vivante », de la déesse Soleil, l'empereur put conforter son pouvoir.
Xquic Civilisation Maya-Quiché
En portant dans son ventre les descendants des sept sages, c'est un nouvel ordre du monde que promettait Ixquic. Pour les Maya- Quiché, elle est Terre et Lune, mère de l'humanité. On sait peu de chose sur les origines du Popol Vuh, ce livre sacré qui raconte l'histoire de la civilisation maya-quiché : elles remon- tent à la nuit des temps. D'abord transmise oralement, la tradition a été consignée par écrit au XVI siècle et un exemplaire du livre a été retrouvé, au XVIII siècle, par un moine qui l'a traduit en espagnol. Le Popol Vuh contenait la légende d'Ixquic... En ce temps-là, sur la terre quiché, vivaient sept seigneurs Ahpu, dotés de sagesse, doués pour la magie, versés dans les arts et la poésie. Un jour qu'ils étaient en train de jouer au jeu de paume, le bruit de leurs rires et de leur joie parvint aux oreilles des seigneurs de Xibalba, le royaume d'en bas. Jaloux, ces êtres maléfiques envoyèrent quatre messagers, les Hiboux, à la surface de la terre, afin de convoquer les Ahpu. Ayant pris congé de leur mère Ixmucané, ils suivirent les oiseaux vers Xibalba. Là, on les tua, puis on accrocha leurs têtes sur un arbre qui ne donnait jamais de fruits. Il y eut ensuite une nuit très sombre, où tout le monde eut très peur, et au matin, les têtes avaient disparu : à leurs places pendaient des calebasses. Ixquic, la fille d'un seigneur de Xibalba, éprouva une irrésistible curiosité de voir ce fameux arbre interdit. Devant le refus de son père de l'accompagner, elle décida d'y aller seule. Arrivée au pied de l'arbre, elle se demanda quel genre de fruits il pouvait bien porter, et s'ils étaient comestibles. Alors l'un des crânes lui dit : « Il n'y a rien que des ossements sur ces branches. Tu nous désires ? » Ixquic répondit : « Je vous veux. » « C'est bien, étends la main », dirent les crânes. Et ils laissèrent tomber de la salive dans sa paume, mais quand elle regarda sa main, elle était vide. « Dans cette salive que nous avons laissé couler sur ta main, nous avons donné notre descendance », lui confiè- rent les têtes de mort. C'est ainsi que les Ahpu transmirent leur connaissance, leur souffrance et leur héritage à Ixquic ; puis ils l'exhortèrent à monter sur terre, en lui promettant qu'elle ne mourrait pas. La jeune fille retourna chez elle, ayant conçu deux enfants par la seule vertu de la salive. Six mois plus tard, son père remarqua qu'elle se Retrouver ce titre sur Numilog.com trouvait enceinte, la considéra comme désho- norée, et en avertit le grand conseil de Xibalba. D'un commun accord, on estima qu'il fallait la questionner, jusqu'à ce qu'elle avouât le nom de son amant. Ixquic se borna à dire la vérité : « Je n'ai jamais connu la figure d'un seul homme. » De là vient la coutume maya, qui défend aux femmes célibataires de voir la face des hommes... Intolérants, les seigneurs de Xibalba refusèrent de croire Ixquic. Barbares, ils ordonnèrent aux quatre Hiboux de la sacrifier, de recueillir son cœur dans une coupe, et de le leur rapporter. Pour les Maya-Quiché, la déesse Ixquic représente la mère de l'humanité. Figurine maya. Les Hiboux allèrent chercher le couteau de silex des sacrifices, la coupe, et emmenèrent la jeune fille au poteau des sacrifices. En chemin, elle les supplia de l'épargner : « Mon cœur ne leur appartient pas, vous ne devez pas leur obéir, ni rester dans cette maison car il est déshonorant de tuer les gens sans raison. » Par ces mots, Ixquic reniait ses congénères et leur religion, avec ses dogmes et ses sacrifices humains. Elle, qui avait reçu la parole des Ahpu, allait bientôt l'ériger en une doctrine qui serait le fondement de la religion maya. Les Hiboux répugnaient à sacrifier une innocente ; mais ils devaient obéir aux ordres de son père, et rapporter son cœur. Ixquic leur suggéra alors de recueillir la sève de l'arbre du sacrifice : un liquide rouge tomba aussitôt dans la coupe, et s'y coagula, comme du sang. Les Hiboux partirent présen ter ce faux cœur aux seigneurs, comme preuve du sacrifice. On plaça le cœur sur un brasier, et tout le monde s'approcha pour voir, et sentir l'agréable parfum qu'il dégageait. Cet encens plongea les seigneurs de Xibalba dans un profond engourdissement, et ils furent vaincus. Ixquic fut fécondée par les crânes des sept sages Ahpu, qui déposèrent leur salive dans sa main... Elle enfantera des jumeaux. Mur des crânes, sur le site de Chichen Itza, Mexique. Les Hiboux rejoignirent Ixquic, qui était montée sur la terre. Elle se rendit chez Ixmu- cané, la mère des Ahpu, et se présenta comme sa bru. Mais l'autre refusa de la croire, la traita d'intrigante, et lui déclara que les seuls descendants de ses fils étaient Hun Batz et Hun Chouen, qui vivaient auprès d'elle, passant leur temps à chanter, à peindre et à sculpter. La vieille n'attendait pas d'autre consolation. Elle consentit cependant à mettre les paroles d'Ixquic à l'épreuve, en lui soumettant une tâche impossible : il s'agissait de remplir un grand filet de maïs, alors qu'il n'y avait qu'un seul épi dans le champ... Ixquic s'en remit à ses protecteurs surnatu- rels : « Je suis coupable de bien des fautes », se lamenta-t-elle. En entendant cette confes- sion, les dieux voulurent la récompenser ; de l'unique épi, elle ramassa de quoi remplir son sac. L'aïeule, en constatant le miracle, l'accueillit dans sa famille, et lui promit de s'occuper de ses enfants. Un beau matin, Ixquic partit seule, dans la forêt, et mit deux jumeaux au monde, Hunahpu et Ixbalamqué. Alors qu'ils grandis- saient, Hun Batz et Hun Chouen, jaloux, se plaignirent du bruit qu'ils faisaient, et les jetèrent dehors. Ainsi, les deux jumeaux continuèrent de grandir dans la brousse, avec les animaux... Ixquic, dont le nom provient de la particule féminine Ix et du mot quic, qui signifie sang, résine, sève, a triomphé des despotes pour engendrer un nouvel ordre moral, la culture, et l'équilibre prôné par les Ahpu. Déesse mère qui enfanta la race humaine, elle est la déesse de la terre, de la fécondité, de la fertilité. Elle est aussi la lune pleine, comme son ventre, alors que l'aïeule symbolise la lune décroissante, et sa fille, Ixbalamqué, la lune montante. A elles trois, elles représentent le rôle familial de la femme, dans la mythologie maya-quiché. Ixquic est encore la déesse de la pénitence, à laquelle il faut se plier pour recevoir l'eau du ciel qui arrosera les cultures. Enfin, elle annonce la fin de la cruauté, dans un état social harmonieux et juste, où les hommes ne cherchent que la paix de leur âme.
Sedna Civilisation Esquimaude
Au pays des glaces, dans les profondeurs marines, il y a une grande maison... C'est la demeure de Sedna, déesse hirsute et borgne, susceptible et colérique, maîtresse des phoques et des baleines, qu'elle a engendrés. Pour les Esquimaux, la Terre est une tente reposant sur des piquets, surmontée d'une couverture, la voûte céleste, qui, crevée en quatre coins à coups de couteau, a laissé échapper les vents des quatre points cardi- naux. D'origine humaine, les dieux se sont emparés de la lune, du soleil, de la mer... L'histoire de la divinité des profondeurs mari- times connaît de nombreuses variantes, son nom change selon les régions : au Groenland, on l'appelle « la vieille femme », ou « la femme majestueuse », ailleurs, elle est « celle qui n'a pas voulu se marier », mais le plus souvent, on la trouve sous le nom de « celle qui est en bas, dans les profondeurs de la mer », Sedna. Sedna ne voulait pas se marier... Conduite inacceptable dans la société esquimaude, qui rejette les célibataires. Elle finit tout de même par épouser un homme, qui se révéla être... le chien de son père. De cette union, elle eut plusieurs enfants, quelques-uns de forme humaine, les autres appartenant plutôt à la race canine. Mais un jour, le chien de mari fut tué par son beau-père, et tomba au fond de la mer. Sedna, qui ne pouvait plus nourrir ses enfants, les envoya dans le monde : certains disent que les chiens engendrèrent les Blancs, et les humains, les Indiens Chipewyan. Après ce mariage peu réussi, Sedna eut une seconde expérience malheureuse. Elle fut enlevée par un pétrel, et l'oiseau l'épousa. Son père, décidément tenace, se rendit chez le pétrel, et enleva sa fille, à bord d'un kayak. L'oiseau, ne voulant pas lâcher sa femme, poursuivit les fuyards, et provoqua une violente tempête.
Fabrice Deguy
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